En 1953, après 90 ans de protectorat français, le royaume reprend enfin son indépendance. Mais le pays sort affaibli ; peu d’infrastructures, une économie en chantier, et un système éducatif encore précaire.
L’année suivante, les accords de Genève mettent un terme à la guerre d’Indochine. C’est à ce moment que Norodom Sihanouk décide d’abdiquer au profit de son père pour se consacrer entièrement à la politique. Devenu chef de l’État, il modernise le pays. Le khmer devient langue obligatoire à l’école, l’alphabétisation progresse et de jeunes Cambodgiens partent étudier en France. Une nouvelle élite intellectuelle voit le jour. Une élite intellectuelle émerge, mais le manque de développement industriel, la corruption et l'incompétence nuisent aux avancées sociales. L’écart de richesse entre ville et campagne se creuse, alimentant tensions et mécontentement.
Ancien quartier colonial de Phnom Penh, 2024 - Old colonial district of Phnom Penh, 2024
Pendant ce temps, Hô Chi Minh étend son influence communiste sur toute l’Indochine. Le Cambodge, officiellement neutre, devient malgré lui un terrain de tensions idéologiques. Deux camps émergent alors, une droite pro-américaine, une gauche nationaliste communiste, nourrie par des étudiants ayant étudié à Paris.
En 1963, la guerre du Vietnam frappe de plein fouet l’économie cambodgienne. L’inflation met le feu aux poudres. Les révolutionnaires communistes, pourchassés, se réfugient dans les montagnes où ils développent une idéologie radicale. C’est là que naît véritablement le mouvement des Khmers rouges, guidé par un homme mystérieux et charismatique : Pol Pot.
En 1969, les États-Unis bombardent massivement les zones frontalières cambodgiennes pour affaiblir les Vietnamiens du Nord. Des milliers de villageois sont tués. Le pays gronde. Sihanouk, absent du pays, est renversé par un coup d’État orchestré par Lon Nol, son Premier ministre. En réaction, Sihanouk s’allie depuis Pékin… aux Khmers rouges, qu’il qualifiait pourtant jusque-là de “bandits”.
À partir de là, le Cambodge s’enfonce dans une guerre civile totale. Les villes restent du côté du gouvernement pro-américain. Les campagnes basculent sous le contrôle des révolutionnaires. Entre 1970 et 1973, les États-Unis déversent 257 000 tonnes de bombes sur le pays. Les campagnes sont dévastées, la famine ravage les villages, et des centaines de milliers de personnes fuient vers les villes qui, elles, n’ont ni infrastructures ni ressources pour les accueillir.
De 1973 à 1975, les Khmers rouges resserrent leur étau sur la capitale. Phnom Penh, submergée par la pauvreté, la faim et la corruption, n’est plus qu’un immense camp de réfugiés épuisés. La ville cède le 17 avril 1975. Les Khmers rouges entrent victorieux dans la ville.
C’est le début du règne des Khmers rouges.
Découvrez la suite de l’histoire Cambodgienne prochainement sur le blog.
The Rise of Communist Nationalism in Cambodia (1953–1975)
In 1953, after 90 years under French protectorate, the kingdom finally regained its independence. But Cambodia emerged weakened—few infrastructures, a fragile economy, and an underdeveloped education system.
The following year, the Geneva Accords put an end to the First Indochina War. At that moment, Norodom Sihanouk decided to abdicate in favor of his father so he could fully dedicate himself to politics. As Head of State, he modernized the country: Khmer became mandatory in schools, literacy improved, and young Cambodians were sent to study in France. A new intellectual elite began to take shape. Yet the lack of industrial development, corruption, and administrative incompetence slowed social progress. The gap between city and countryside widened, fueling frustration and unrest.
Maison de vacances des années 60 d'une famille riche de Phnom Penh dans la ville de Kep, 2022- A 1960s holiday home belonging to a wealthy Phnom Penh family in the town of Kep, 2022
Meanwhile, Ho Chi Minh was expanding his communist influence across Indochina. Cambodia, officially neutral, became an involuntary battleground for ideological tensions. Two political camps emerged: a pro-American right wing, and a communist nationalist left wing, inspired by Cambodian students who had studied in Paris.
By 1963, the Vietnam War was crippling Cambodia’s economy. Inflation triggered widespread protests. Communist revolutionaries, hunted down, sought refuge in the mountains, where they developed a more radical ideology. This is where the Khmer Rouge movement truly took shape, led by a mysterious and charismatic figure: Pol Pot.
In 1969, the United States launched massive bombings on Cambodia’s border regions to weaken North Vietnamese forces. Thousands of villagers were killed. The country was on edge. While Sihanouk was abroad, he was overthrown in a coup orchestrated by his Prime Minister, Lon Nol. In retaliation, Sihanouk—then exiled in Beijing—formed an unlikely alliance with the Khmer Rouge, whom he had previously dismissed as mere “bandits.”
From that point on, Cambodia sank into full-scale civil war. The cities remained under the pro-American government, while the countryside fell under revolutionary control. Between 1970 and 1973, the United States dropped 257,000 tons of bombs on the country. Rural areas were devastated, famine spread through villages, and hundreds of thousands of people fled toward cities that lacked both infrastructure and resources to support them.
From 1973 to 1975, the Khmer Rouge tightened their grip around the capital. Phnom Penh—overwhelmed by poverty, hunger, and corruption—became an immense camp of exhausted refugees. The city collapsed on April 17, 1975, when the Khmer Rouge marched in victoriously.
It was the beginning of the Khmer Rouge regime.
Stay tuned for the next chapter of Cambodian history, coming soon on the blog.