Quand on voyage au Cambodge, difficile de ne pas remarquer à quel point la figure du roi reste omniprésente. Dans les rues de Phnom Penh comme dans les villages, son portrait trône fièrement sur les façades, les bureaux administratifs ou même les étals des marchés. Ce n’est pas seulement une marque de respect : c’est un symbole profond de continuité, de stabilité et de fierté nationale.
Le Cambodge est une monarchie constitutionnelle. Le roi, chef de l’État, n’intervient pas dans la politique du pays. Son rôle est avant tout moral et symbolique : il veille à représenter l’unité et les traditions du peuple cambodgien.
Pour comprendre cette place si particulière de la monarchie, il faut remonter un peu dans l’histoire. Dans les années sombres de la période des Khmers rouges (1975-1979), toutes les institutions traditionnelles, y compris la monarchie, ont été balayées. Il faudra attendre le début des années 1990 et les efforts de reconstruction nationale pour que la royauté retrouve sa place dans le paysage cambodgien.
En 1993, le roi Norodom Sihanouk reprend le trône, non plus comme un monarque absolu, mais comme un symbole d’unité nationale après des décennies de guerre et de souffrances. Son fils, le roi Norodom Sihamoni, lui succède en 2004. Ancien danseur et ambassadeur de la culture cambodgienne, son rôle n’est désormais plus politique mais symbolique.

Le palais royal de Phnom Penh en 2024 - The royal palace of Phnom Penh in 2024
Sur le plan politique, le pouvoir exécutif se trouve entre les mains du Parti du peuple cambodgien (PPC), au pouvoir depuis 1985. En 2023, Hun Manet, fils de l’ancien Premier ministre Hun Sen, a pris la relève de son père après près de quarante ans de règne.
Officiellement, le Cambodge est une démocratie. Dans les faits, le pouvoir reste corrompu, le pluralisme politique découragé et la presse étroitement surveillée. Selon Reporters sans frontières, le pays se classait 147ᵉ sur 181 en 2022, avec une note de 42,02 sur 100 pour la liberté de la presse.

La campagne des éléctions législatives de 2023 aux couleurs du PPC. - The 2023 parliamentary election campaign painted in the colors of the CPP.
Cambodia — Between Royal Tradition and Censorship
When traveling through Cambodia, it’s hard not to notice how omnipresent the figure of the king remains. In the streets of Phnom Penh as well as in the smallest villages, his portrait proudly adorns façades, government offices, and even market stalls. It’s not just a sign of respect — it’s a deep symbol of continuity, stability, and national pride.
Cambodia is a constitutional monarchy. The king, as head of state, does not intervene in the country’s politics. His role is primarily moral and symbolic: to embody unity and uphold the traditions of the Cambodian people.
To understand the monarchy’s special place in Cambodian society, one must look back in history. During the dark years of the Khmer Rouge regime (1975–1979), all traditional institutions — including the monarchy — were dismantled. It wasn’t until the early 1990s, amid national reconstruction efforts, that the royal institution regained its place in Cambodian life.
In 1993, King Norodom Sihanouk returned to the throne — no longer as an absolute monarch, but as a symbol of national unity after decades of war and suffering. His son, King Norodom Sihamoni, succeeded him in 2004. A former dancer and ambassador of Cambodian culture, his role today is no longer political but purely symbolic.

Oudong, l'ancienne capital du Cambodge en 2021 - Oudong, the ancient capital of Cambodia in 2021
Politically, executive power lies in the hands of the Cambodian People’s Party (CPP), which has ruled since 1985. In 2023, Hun Manet, the son of former Prime Minister Hun Sen, took over leadership after nearly forty years of his father’s rule.
Officially, Cambodia is a democracy. In reality, power remains deeply entrenched and corrupt, political pluralism is discouraged, and the press is closely monitored. According to Reporters Without Borders, Cambodia ranked 147th out of 181 countries in 2022, with a score of 42.02 out of 100 for press freedom.