Quand on annonce que l’on part vivre au Cambodge, la première réaction est souvent confuse. Ou se trouve exactement le pays sur la carte ? Comment s’appellent ses habitants ? Souvent réduit aux temples d’Angkor et au régime des Khmers rouges, ce pays d’Asie du Sud-Est méconnu suscite envie et appréhension. Mais quand est-il de la réalité sur place ?

Les cartes postales nous livrent des visions de ses paysages verts, de rizière et de temple, ponctués de Bonzes aux tenus orange qui se détachent. Pour l'expatrié fraîchement débarqué à Phnom Penh, la capitale, c’est le choc culturel assuré. Ses sens sont en éveille. Les bruits des klaxons se mêlent aux discussions des habitants ; les marchés grouillent de marchandise en tout genre aux différentes senteurs ; les tuktuks transportent une famille de huit personnes avec leurs bagages en défiant les lois de la gravité ; les échoppes des vendeurs ambulants envahissent les trottoirs. Stimulés à chaque instant, le “barang”* est vite perdu au milieu d'un trafic chaotique dénué de toute logique occidentale. “Les Cambodgiens sont fous” est souvent sa première réaction. Mais très vite, il découvre les sourires, la gentillesse et l’humour de ce peuple très attachant. Pourtant, se décèle derrière les sourires des non-dits, des blessures. La pauvreté omniprésente se mêlent aux tours de luxes fraîchement construites. L'économie et le développement du pays sont entièrement régis par la corruption et le niveau d'éducation est très bas. Six mois de l'année, la saison des pluies inonde les villes et campagnes, laissant les habitants les plus démunis dans une situation de précarité grandissante. Comment le Cambodge en est arrivé là ? L’histoire tumultueuse du pays nous apporte une culture riche, complexe et contradictoire, que nous allons explorer à travers une thématique chaque semaine.
*Barang veut dire Français en langue Khmer mais suite au protectorat français, ce mot est également utilisé pour définir les étrangers de toutes nationalités. Il est souvent doté d’une connotation un peu péjorative.



Cambodian introduction
When one announces they are moving to Cambodia, the first reactions are often confused. Where exactly is the country on the map? What are its inhabitants called? Too often reduced to the temples of Angkor and the Khmer Rouge regime, this little-known Southeast Asian nation stirs both curiosity and apprehension. But what is life there really like?
Postcards offer us visions of lush landscapes, rice fields, and temples, punctuated by orange-robed monks standing out against the scenery. For the newly arrived expatriate in Phnom Penh, the capital, culture shock is inevitable. Their senses are on high alert. The honking of horns mixes with the chatter of residents; markets teem with goods of every kind and countless aromas; tuk-tuks carry entire families of eight with their luggage, defying the laws of gravity; street vendors spill out onto the sidewalks. Stimulated at every moment, the barang is quickly lost in the middle of a chaotic traffic that follows no Western logic. “Cambodians are crazy,” is often their first reaction. But very soon, they discover the smiles, kindness, and humor of this endearing people. Yet, behind the smiles lie unspoken truths and hidden wounds. Poverty is omnipresent, standing side by side with newly built luxury towers. The economy and the country’s development are entirely governed by corruption, while the level of education remains very low. For six months of the year, the rainy season floods both cities and countryside, leaving the poorest in an increasingly precarious situation. How did Cambodia get here? The nation’s tumultuous history has given it a rich, complex, and contradictory culture, which we will explore each week through a dedicated theme.
* Barang means “French” in Khmer, but since the French protectorate, the word is also used to describe foreigners of all nationalities. It often carries a slightly pejorative connotation.



